Qu'est devenu le Jardin de Lidine en Alsace ?






  C'est pour vous narrer la triste histoire de ce jardin que, j'avais ouvert ce blog. 

  Le Jardin n'existe plus. 

  Il est passé entièrement entre les mâchoires d’une tronçonneuse… plus d’une cinquantaine d’arbres ont été mis à terre… il reste un tilleul de 45 ans et un Chamaecyparis du même âge sur les 18 ares de terrain. Pratiquement tous les arbustes ont été rasés, tout comme les rosiers.
 


  Nous avions dû vendre notre propriété un peu dans l'urgence, si bien que lorsqu'un premier acquéreur se présenta nous n'avons pas hésité.
  Venus avec un jardinier avant l'achat, j’ai cru qu’ils allaient aimer et respecter le jardin, et surtout ses arbres à défaut d’y connaître quelque chose. Nous avons cédé notre bien en toute quiétude, mais aujourd'hui, nous nous sentons trompés.  Certes ils n’étaient en rien obligés de perpétuer ce qui avait été entrepris mais à aucun moment je ne pouvais imaginer ce qui allait advenir de ces arbres.. 
  Je ne peux comprendre un tel acharnement. Pour moi c'est un sacrilège. Trois mois après l’achat, tout était à terre, me laissant « atterrée » en l’ayant appris.

  Je ne comprends pas qu’on puisse, encore aujourd’hui, ignorer tous les bienfaits que les arbres nous peuvent nous procurer et encore moins qu’on puisse ne pas les aimer. C'est au-dessus de mon entendement. 
 Qui aime les arbres les aime pour leur puissance, leurs écorces, leurs floraisons ou leurs fruits, leur feuillage parfois flamboyant en automne... On aime le bruit du vent dans leur frondaison... Mais à côté de cette esthétique il y a tous les autres avantages. Ils nous procurent l'ombre et de la fraîcheur par évaporation si importantes en ces temps de canicules. Un arbre peut faire baisser la température de 2 à 3°, mais un espace arboré comme le fut le jardin permet de faire baisser la température de 6° alentour. Plus personne ne devrait ignorer leur capacité à retenir les particules fines si délétères pour la santé ni leur rôle comme "puits à carbone". 

  Non, je ne comprends pas cet irrespect pour la nature et la vie. Un arbre est pour moi, un sujet. Si je ne vais pas jusqu’à lui parler, j’en parle beaucoup… mais je n'ai évidemment pas le charisme de Francis Hallé pour porter loin ma parole. 

  J'aimerais tant, mais je ne suis pas la seule, voir un jour paraître en France une loi qui protège les arbres urbains comme il en existe en Belgique, en Suisse, au Canada... En Suisse la loi punit quiconque aura porté atteinte de quelque façon que ce soit à un arbre si cette action a conduit à sa mort. 

  Vous imaginez le temps qu’il a fallut à mes arbres pour atteindre leur taille : quarante ans pour dépasser les toits des maisons ! L
es plus grands avaient plus de douze mètres mais d’autres comme les érables japonais n’en avaient atteint que deux. La collection constituée, comptait des arbres rares. Enfin rares, ils l'étaient à l'époque, car aujourd'hui, tout jardin qui se respecte les possède.  Tous ont été choisis, choyés, chouchoutés, élagués dans les règles de l’art (le moins possible) : pas de pesticide, pas d’engrais. 
  Je n’aurais pas été révoltée si la maison avait été rasée. Une maison se monte en un an, mais un arbre ! 







   Un jardin, ce ne sont pas que des arbres c'est tout ce qui vit autour. 
   Le jardin était devenu un écosystème équilibré : une armada d'espèces de coccinelles, de syrphes, de chrysopes, d'espèces de guêpes faisaient le ménage. Même la mante religieuse, une carnivore elle aussi, y avait élu domicile depuis le réchauffement climatique. Tout ce beau monde s’était allié, avec les petits mammifères (musaraignes, belettes, fouines et hérissons, chauves- souris) et les oiseaux,  pour lutter contre les prédateurs des arbres et du jardin. L'équilibre a était atteint au bout de dix ans. 
  Les détritivores de toutes sortes hachaient, mâchaient, digéraient les matières et les transformaient en humus odorant.  Des coléoptères nombreux, eux aussi, certains rares comme la lucane ou la rosalie, fréquentaient les lieux… Les oiseaux égayaient tout le lotissement. Ils étaient nombreux en espèces, mais se raréfiant ces dernières années tout comme les papillons et les abeilles sauvages. 
  Plus d’une dizaine d’abeilles sauvages butinaient allègrement dès mars jusqu’à ce qu’un voisin ait eu l’idée de mettre des ruches dans le lotissement. Ces voraces ne laissaient rien aux sauvageonnes. Seules les petites Osmia ne souffraient pas de concurrence quand en février-mars elles visitaient bruyères et crocus. Ce n’est pas la flore du jardin qui avait changé, bien au contraire les plantes locales s’y invitaient de plus en plus souvent avec insolence.

  Toute cette vie grouillante, bruissante, faute de gîte et de couvert, aura disparue dès la première année, après cette coupe rase. Ce n’est pas dans le lotissement que la faune trouvera refuge tant il y manque d’arbres, d'arbustes et de plantes mellifères, tant l'urbanisation aura gagné sur les espaces naturels. Au contraire, faute d'équilibre, les prédateurs auront un boulevard ouvert devant eux. Le soleil dardera ces rayons sur les dix huit ares de pelouse rase... rien ne n'opposera plus aux bourrasques, la terre sera soumise aux rayons ardents comme aux gels cuisants... les moustiques seront à la fête en été...  

Les dix plaies d'Egypte s'abattront sur le jardin... 


  Je vous présente une même vue du jardin des années avant la vente puis trois mois après celle-ci.



  Le bûcheronnage n'est pas achevé...  On aperçoit au tout premier plan le reste du tronc de l' Acer griseum de 35 ans. 



  Nous aurons encore bien du travail pour faire comprendre la nécessité des arbres, faire accepter qu'ils puissent perdre des feuilles ou des fruits sur les trottoirs ou la pelouse, que le merle qui s'y niche vous réveille le matin ... Il y aura aussi du travail pour faire comprendre, à tous les décideurs de nos villes, qu'un arbre qui aura été respecté et non mutilé, ne sera pas un danger... 
  
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