La Biodiversité au jardin.


  Biodiversité, un gros mot ?  

  Il fut un temps, oui, quand on prononçait le mot on était parfois mis à l'index. Aujourd'hui le terme fait davantage consensus. 

  Mais c'est quoi, la biodiversité... C'est la diversité du vivant, pour faire court. Le préfixe Bio (Bios en grec) signifie la vie.

  Le terme et son concept apparaissent dans les années 1980. La biodiversité désigne l'ensemble des êtres vivants (faune et flore ... ) en interaction avec leur milieu et les autres espèces. 

  Si bien que le jardin étant un milieu qui accueille le vivant n'est pas sans biodiversité... Il conviendra donc d'agir pour préserver et enrichir ce milieu, donner du "punch" à la terre et favoriser les auxiliaires : prédateurs, pollinisateurs, détrivores etc... Comment ? 

- en plantant des plantes indigènes à côtés des exotiques qui font Un Jardin 

- en n'éliminant pas systématiquement toutes les adventices

- en traitant le moins possible et avec des produits naturels. 

 L'équilibre, je l'ai récolté au bout de 10 ans de ces pratiques respectueuses. Et je peux dire que cette biodiversité était bien plus riche que ce que je peux rencontrer lors de mes balades en plaine d'Alsace aujourd'hui, sauf dans quelques endroits préservés comme certaines prairies sur sol calcaire. 

  Ces 10 ans nécessaires pour obtenir un équilibre au jardin, c'est aussi le constat que je viens de faire dans mon autre jardin plus récent en Bretagne. 

  Le milieu, je vous l'ai exposé au fil des pages, en vous promenant d'un point à l'autre, d'une plante à l'autre... nous allons maintenant aborder la faune en interaction avec cet espace limité. 

  Il aura fallu beaucoup de sens de l'observation, de contemplation, de lectures, de contact avec des spécialistes parfois, de stage à la LPO, de demande d'identification sur les sites internets... mais je suis loin d'être une spécialiste en quoi que ce soit... il y aura donc possiblement des erreurs et des lacunes. Mais vous avez aujourd'hui de bons outils sur internet pour y pallier vous même.


  Mêler cultivars et plantes indigènes est un bon compromis pour attirer la faune... 

Biodiversité : Les insectes : hyménoptères (abeilles et guêpes...)

 Si les oiseaux sont nombreux à nous enchanter, c'est qu'ils trouvent au jardin, le gîte et le couvert. 

Tous, même les espèces granivores, ont besoin des insectes pour nourrir leur nichée. Ils sont une source de protéines non négligeable. 

On classe les insectes par ordre et nous commencerons par l'un des trois plus grand d'entre eux les hymenoptères :


Hymenoptera

  Les Hymenoptères sont pourvus de deux paires d'ailes membraneuses reliées l'une à l'autre ce qui les différencient des Diptères (mouches) qui n'ont qu'une paire d'ailes. 

 Je vous présente dans ces pages ceux qui ont été observés au jardin, de plus en plus nombreux en espèces et en nombre, au fil des décennies. 

L’ordre est divisé en 2 sous-ordres, les Apocrites et les Symphytes .

  - Les Apocrites ont la taille de guêpe c'est à dire, la base de l'abdomen rétrécie. Ils regroupent aussi les principaux insectes sociaux(sauf les termites)
  - Les Symphyses, eux, n'ont pas d'étranglement entre le thorax et l'abdomen et sont phytophages. 

Ces sous-ordres sont divisés en infra-ordres puis en super-familles et en familles.

Pour ne pas encombrer ces pages je passerais des sous-ordres directement aux familles.

Biodiversité : Les insectes : coléoptères (scarabées, bupreste, scarabée...)


 

Coleoptera


  Il s'agit de l'ordre animal qui comporte le plus grand nombre d'espèces décrites. Les scarabées, les coccinelles, les lucanes, les chrysocales, les hannetons, les charançons, les carabes dont les noms vernaculaires s'inscrivent dans nos mémoires, font partie de l'ordre des Coléoptères. 
  Chacune des espèces connaît des métamorphoses complètes passant par 4 stades : oeufs, larves, nymphes, imago. Les coléoptères se caractérisent par une  paire d'ailes rigides, appelés élytres. Rigide et dures  elles ne servent pas à voler mais à protéger leur corps. Si certains volent c'est grâce à une deuxième paire d'ailes membraneuses repliées sous les élytres.

  C'est un ordre trop vaste pour m'amuser à classer les familles par sous-ordres, infra-ordres, et infra-famille. Je choisi donc d'aller directement aux familles concernant les habitants du jardin. L'autre difficulté quand on fait des recherches est que la nomenclature et le classement changent à tout à bout de champ. Beaucoup de familles, d'aujourd'hui étaient précédemment des sous-famille reconnaissables à leur terminaison en "inea" et entrent désormais dans la grande famille des Scarabaeidae (terminée en "idea")... 

  Pour plus ample information, vous ferez comme moi, vous irez à la pêche aux info...  


1) Attelabidae


Apoderus coryli : Apodère du noisetier



2) Buprestidae

Scintillatrix festiva : Bupreste du thuya



  Cette jolie bestiole est en train de décimer les Thuya et genévriers (Juniperus)  du pays. Sa larve est xylophage.  Le stress hydrique ou autre, comme les tailles répétées, provoquent une production de phéromones qui attirent les buprestes. La solution est de chouchouter votre arbre en lui apportant de l'humus (feuilles mortes, bois raméal, compost), en ne piétinant pas dessous, en ne les plantant pas en haie. Les tailles des haies sont une porte d'entrée pour l'insecte qui va y pondre. Des années peuvent passer avant que l'arbre passe de vie à trépas. Une brindille sèche par ici par là,  ne gène personne, on laisse faire et c'est toute la branche qui roussit. Le temps d'intervenir, le ver est dans le fruit, pardon dans le tronc. L'autre parade au moment de la conception du jardin est de diversifier les plantations... 



3) Cantharidae





Rhagonicha fulva


  Les adultes, s'ils s'alimentent de nectar et de pollen peuvent occasionnellement s'attaquer à des pucerons. Les larves, elles consomment pucerons, sauterelles, chenilles et autres insectes à corps mou. D'autres, au sol, s'attaquent aux vers de terre,  larves de diptères (mouches), chenilles. Vous aurez compris : ce sont de fidèles alliés du jardinier. 


Cantharis fusca





4) Carabidae

Carabus violaceus purpurascens 

  Les carabus sont incapables de voler, leurs élytres sont soudés, mais ils courent très vite. Ils peuvent mesurer jusqu'à 4 cm.
  Larve et imago chassent les limaces et escargots mais aussi des vers et autres invertébrés.




Carabus coriaceus : Procustre chagriné



Comme le précédant, il chasse les gluants et des larves... 


5) Cerambycidae

Appelés capricornes ou longicornes


Commençons par celui qui a donné son nom à la famille. 


Cerambyx scopoli : Petit capricorne

  Ses larves sont xylophages c'est à dire qu'elles se nourrissent de bois (mort ou vivant). Tandis qu'on observe les adultes se nourrissant de pollen.



Stictoleptura rubra



  On constate chez la Lepture rouge un dimorphisme sexuel. Le mâle arbore un pronotum (thorax) noir, tandis que chez la femelle, il est de même couleur que les élytres (rouge ou brun). Ici chacun arbore une couleur différente mais ce n'est pas toujours le cas. Les larves se développent dans les conifères morts.


Anastrangalia sanguinolenta




  L' Anastrangalia ou Lepture rouge sang est floricole au stade adulte et ses larves xylophages se nourrissent du bois mort de pins ou d' épiceas.


Ergates faber 




Stenopterus rufus






Rutpela maculata : Lepture tachetée



  

Clytus arietis



6) Scarabaeidae

Cetoniinae



   Les adultes sont facilement observables dans les corolles de fleurs, broutant les étamines. On devine le désastre dans un verger si ils y sont en nombre. Sinon ils peuvent participer à la pollinisation en transportant le pollen dans leurs soies ventrales. 


Cetonia aurata


  La larve de Cetonia aurata, se nourrit de bois très décomposé ou de matières en décomposition dans les composts, elles sont saproxylophages. 


Un air de char d'assaut




Tropinota hirta




Oxythyrea funesta





Trichius sp.




7) Chrysomelidae

Alticinae 

ou Altise

Sur capucine ce pourrait être Phyllotreta




Chrysolina herbacea




Clytra laeviuscula




Lilioceris lilii




Leptinotarsa decemlineata - Doryphore






Timarcha tenebricosa - Crache sang






8) Cleridae


Trichodes apparius et Trichodes alvearius






9) Coccinellidae






  Nul besoin, je pense, de vous parler du régime des coccinelles. Nous les voyons se régaler de pucerons. Mais se sont surtout leurs nombreuses larves qui seront nos alliées au jardin. Ne vous inquiétez pas quand vous verrez les pucerons sur vos rosiers et prenez garde de ne pas traiter trop vite même au savon noir. Vous décimeriez une armada d'oeufs ou de larves de coccinelles certainement déjà à l'oeuvre. Elles y sont avec leur comparses tout aussi voraces, les larves de chrysopes. On évitera donc les "pschitt" de toutes sortes.



  Les larves de nos coccinelles indigènes ressemblent davantage à la première photo qu'à la deuxième qui est celle de la coccinelle asiatique. Sa voracité va jusqu'à dévorer nos espèces locales. 


Brumus quadripustulatus 



  La coccinelle à virgule est une aide appréciable dans la lutte contre les cochenilles. Une des premières coccinelles à sortir au printemps. Elles passent l'hiver sous les fissures d'écorce et rejoignent le pin tout proche pour s'y nourrir des nombreuses cochenilles. 


Harmonia axyridis



    Et voilà l'ogresse asiatique qui dévore tout sur son passage. Certes elle est une aide appréciable pour le jardinier mais les protecteurs de la nature et de la biodiversité ne voient pas les choses de la même façon car nos coccinelles locales en pâtissent.






  Bien que toutes les coccinelles asiatiques n'ont pas de pattes rouges, si elles en ont, sûr ce ne sont pas nos  coccinelles à deux ou sept points. Ce qui ressemble à de grosses joues blanches (mais qui sont des taches sur le thorax) m'aide dans leur identification qu'elle que soit leur couleur de robe.



11) Curculionidae

Polydrusus impressions 
Les charançons.






12) Dermestidae

  Les Dermestidae sont de petits coléoptères détritiphages. Les larves attaquent les matières sèches : viandes séchées, fourrures, collections d'histoire naturelle, les lainages, tapis, livres, grains... Il n'y pas que les mites pour trouer vos vêtements. 


Anthrenus  pimpinellae


 Les imagos sont floricoles le plus souvent sur Apiacée mais ici ils se régalent de Rosacée et de Cornus.
Ses larves squattent les nids de chenilles (particulièrement ceux des chenilles processionnaires) et se nourrissent de cadavres et de matières végétales. 



13) Elateridae

Agriotes sp. 
ou Taupin je pencherais vers 


Agriotes pilosellus

   Les larves de taupins ou "vers de fil de fer" sont des ravageurs des plantes cultivées. Elles se nourrissent de racines, bulbes, rhizomes... Tous les légumes racines mais aussi les racines de céréales de gazon se voient grignotés en sous sol. 
Oiseaux, taupes, musaraignes, carabes sont au nombre de leurs prédateurs.



14) Geotrupidae


Geotrupe sp. 
ou Bousier

  Ce sont des Coléoptères coprophages... Ils se nourrissent  des excréments animaux. S'ils n'existaient pas, nous étoufferions sous les bouses... 




15) Lucaninae

Lucanus cervus

  Ici nous avons une femelle. C'est le plus grand coléoptère d'Europe. Le mâle porte des mandibules impressionnantes rappelant des bois de cerfs, d'où son nom de "Cerf volants". Je n'avais pu les observer qu'en vol au jardin, sans pouvoir leur tirer le portrait. Mais vous pourrez le trouver ici . Nous avons ici, une femelle.



Dorcus parallélipipedus




16) Malachildae

Axinotarsus pulicarius




17) Malolonthidae

Melolontha melolontha



18) Rutelidae

Un autre hanneton mais dans une autre famille. 

Phyllopertha horticola
Le Hanneton des jardins


19) Meloidae

Meloe violaceus

   Les larves sont des parasites de nid d'hyménoptères. Dès leur éclosion, les larves grimpent sur les fleurs fréquentées par les hyménoptères. Dès qu'une butineuse arrive, elles s'y accrochent pour se faire transporter jusqu'au nid de leur hôte. Elles s'y nourriront des oeufs, des larves de l'hôte, puis des réserves engrangées au fur et mesure de leur croissance.



20) Mordellidae

Mordella sp. 


21) Nitidulidae

Meligethes sp.


22) Oedemeridae

Oedemera nobilis


23) Pyrochroidae

Pyrochroa coccinea


24) Lampyridae

Lampyris noctiluca 
Ver luisant


  La femelle lampyre est identique à sa larve (ci-dessus) mais sans les points jaunes. C'est à cet aspect larvaire que l'espèce doit son nom de ver luisant. 
  La larve est un efficace prédateur de gastéropodes qu'elle paralyse en leur injectant un venin. Puis elle liquéfie les chairs de leur proie pour pouvoir l'ingurgiter. 
  Si la femelle est aptère le mâle ailé a tout d'un coléoptère qui va pouvoir se déplacer en répondant aux appels lumineux de la femelle.


25) Staphylinidae

Ocypus olens
Staphylin odorant



  Il sort de ces caches obscures pour aller à la recherche de cadavres de gastéropordes, ou des proies vivantes comme des asticots ou des cloportes... 
  Quand il se sent menacé il redresse son abdomen dans une attitude de scorpion. 


Non identifié



  55 espèces de coléoptères c'est le nombre répertorié, mais il y en avait certainement davantage notamment les noctambules...