Mon jardin en Alsace
Dès sa conception en 1980, le jardin fut créé pour nécessiter le moins d'entretien possible. Les premières plantations furent les arbres, point d'orgue du jardin, puis vinrent les arbustes. La collection s'est étoffée jusqu'en 2016.
La structure s'est imposée par le choix des essences ligneuses : arbres ou arbustes. Caduques ou persistantes, elles constituaient l'ossature du jardin. Cette colonne vertébrale a été habillée d'étoffes diverses, de velours grenat, de soies irisées, de madras colorés, de mousselines légères aux teintes éthérées, d'indiennes et de perses, autant de corolles fragiles mêlées aux feuillages comme un écrin.
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Un jardin autour de la plantations des arbres |
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Le jardin Topaze |
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Vue à partir du Petit Bois au fond du jardin
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Une collection dans des plates bandes fleuries.
Malgré ses collections (plus de 50 espèces d'
arbres et 200
arbustes) ce n'était pas un jardin sophistiqué, une grande place était laissée au naturel. C'était le lieu de tous les possibles, un lieu de transgression et d'expression de la liberté. Pourquoi vouloir asservir un jardin ? Il est vivant et comme nous rétif aux lois qu'on lui impose.
Dès la plantation des
arbres, des
mixed-broders à l'Anglaise ont été créées pour protéger les fragiles écorces du passage de la tondeuse.
Une blessure, et c'est la mort de l'arbre à plus ou moins long terme.
D'autre part, pour s'épargner les corvées de désherbage, une méthode efficace et élégante fut de planter des
vivaces au feuillage opulent ou des plantes couvre-sol. Elles cachent le feuillage des bulbes de printemps devenus disgracieux, maintiennent la fraîcheur en été et protègent la terre du gel en hiver quand elles se décomposent.
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Jardin Agate : comment éviter les corvées de désherbage. |
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Le Jardin Agate |
Les adventices au jardin
Les adventices étaient acceptées à condition de n'être pas gênantes ou envahissantes ou inesthétiques. Des véroniques ou bugles rampants dans les pavés, qui cela gêne-il ? Sûrement pas les papillons ou les abeilles sauvages qui viennent y butiner. La pelouse n'était pas celle d'un golf, la tonte n'était pas systématique tous les huit jours, ainsi économisions-nous les énergies fossiles autant que la nôtre. La pelouse était émaillée de véroniques, de violettes, de potentilles jaunes, de pâquerettes, de trèfle blanc, de lierre terrestre aux fleurs bleues, de brunelles... Nous éliminions cependant les plantes à rosette comme les pissenlits ou les épervières. Ceci dit, une telle pelouse restait verte en temps de canicule et de sécheresse (eh oui, en Alsace, il peut faire très chaud).
N'étaient arrosés, à partir d'un puits, que les nouveaux plants et les plates bandes si elles souffraient, mais jamais la pelouse. Même si elle roussit, aux premières gouttes tout reverdit. La mousse contre laquelle nous avions résolu de ne plus lutter apportait elle aussi un peu de fraîcheur, et un doux tapis sous nos pieds.
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La pelouse avant la première taille pour Pacques. |
De ces sauvageonnes adoptées au jardin certaines s'y sont invitées, d'autres y ont été introduites : corydales, fumeterres, géraniums, primevères, ficaires...
La biodiversité était privilégiée et les produits chimiques bannis. Les traitements, s'ils devaient être nécessaires, étaient ciblés et réalisés avec des produits naturels.
Peu de place était donnée aux
annuelles saisonnières. Je les trouve trop artificielles. Il faut les renouveler tous les ans. Ce qui coûte cher et demande beaucoup de temps. Seules celles qui se ressemaient spontanément ou qui pouvaient être semées en pleine terre étaient acceptées.
En général les plantes capricieuses étaient laissées à leur destin, elles offraient alors une place vide pour de nouvelles plantations. Etaient privilégiées des plantes robustes, attachantes et fidèles pour un jardin sans trop de contrainte.
Il nous a fallu à peu près 10 ans pour obtenir un jardin parfaitement équilibré en biodiversité. Nous n'avions plus besoin d'aucun traitement (fût-il bio) ce qui a permis à tout un petit monde de vertébrés et invertébrés de vivre en parfaite harmonie. Enfin harmonie pour moi, car pour eux c'était moins sûr, les uns se faisant bouloter par les autres...