Le Potager


  J'avais fait une première tentative alors que la mode n'était pas encore au bio. La conscience écologique n'était partagée que par un petit nombre. Ils ne furent pas pris au sérieux et ce d'autant moins qu'ils s'inscrivaient dans la mouvance hippie. Selon Timothy Learyes les hippies seraient à l'origine du mouvement écologique dans le monde et Greenpeace aurait émergé de ce courant.
 Avant de me lancer, je lis beaucoup et notamment les fondateurs de l'agriculture biologique d'avant et après guerre : Rudolf Steiner, son élève E.Pfeiffer, Albert Howard, le couple Müller, Hans Peter Rusch : aucun français parmi eux. Inspirés davantage par des courants philosophiques ils n'ont pas convaincus... Dommage car nous n'en serions peut-être pas où nous en sommes.




   Je n'y ai pas forcément appris une méthode, mais je fus convaincue, à l'issue de cette lecture, que je devais penser le jardin comme prolongement de la nature en bannissant tout produit chimique.
   Malheureusement, j'ai mal démarré. J'ai créé mon potager à la façon de mon aïeul... en grands rangs d'oignons avec pour conséquences néfastes : une prolifération de pestes, de trop grandes quantités ingérables quand arrivent le temps des récoltes et un manque d'enthousiasme face aux problèmes. Je n'avais pas non plus acquis de semences bio ou de variétés anciennes adaptées à cette culture. Ce qui peut expliquer une part de mes échecs.
   Je cultive alors mes légumes (comme beaucoup d'entre nous) à partir de produits créés pour la culture intensive et adaptés aux traitements et engrais chimiques et pas du tout au jardinage naturel.
   Entre temps je me suis mise à étudier puis à travailler... j'abandonne donc mes velléités potagères pour créer la roseraie que vous avez visitée sur les pages précédentes. Je n'ai conservé de cette expérience ratée, qu'un jardin d'herbes et de simples, un compost et des framboisiers. Les palissades devant le compost servent à le cacher lors des visites de jardin et à le protéger des ardeurs du soleil tout comme les toiles. 



  

 

   Nous sommes autour des années 2010 quand une fois de plus sont dénoncés haut et fort les problèmes de "mal-bouffe". C'était la fois de trop.  Je me lance de nouveau dans l'activité potagère. Cette fois, la mode aidant, j'ai trouvé une littérature plus pratique que philosophique et, et... les sites WEB. Nous allons donc créer un potager au carré, la grande mode.
   Où ? pas sur la roseraie... mais dans la cour avec l'idée de ne pas avoir à se salir les pieds pour aller cueillir une tomate. Il aurait fallu diviser les vivaces épuisées avec le temps et les replanter ailleurs ... mais la podagraire s'insinuant partout, je n'aurais fait que multiplier cette peste.
  La préparation a pris du temps, mais cela a été gratifiant. 


Prêts pour la grande aventure ?



  Nous voilà donc avec nos carrés de culture, qui seront divisés eux même en neuf carrés. Je dispose alors des cartons au fond des carrés histoire d'étouffer, tant bien que mal, la podagraire.  Toujours dans l'idée de lui nuire, j'ai mis une toile biodégradable recouvertes de copeaux dans les allées. 
  Dans les espaces entre la bordure et les carrés, des boutures de sarriette vivace seront mises en place pour cacher les bordures de ciment mais aussi pour perturber l'odorat des nuisibles... 
  Suivra un semis de moutarde et de phacélie comme engrais verts pour préparer le printemps. Le maillage amovible en lattes n'est qu'un gabarit.




  L'hiver est alors mis à profit pour consulter les catalogues de graines bio dont celui de l'association KOKOPELI dans l'oeil de la tourmente judiciaire. Mais c'est un autre sujet.
 Par curiosité et pour varier les plaisirs je vais choisir des variétés qui ne sont pas sur les étals. Aujourd'hui on se les arrache sur tous les marchés (carottes, tomates, betteraves de toutes couleurs). De ma première expérience, je sais déjà que je ne peux espérer avoir de beaux navets jaunes, ou des cèleris raves (sol trop sableux). J'ai opté pour le goût, la couleur et  choisi les variétés anciennes ayant fait leur preuve puisqu'elles ont traversé le siècle...


Le potager en mars.

   J'ai l'intention de tenter des cultures précoces sans serre et de devancer le calendrier adopté par mes amis alsaciens. Je sème très tôt, moyennant quelques couvertures, ou très tard.  Il me faudra donc bien choisir des variétés adaptées.
   Pour couvrir le sol en hiver, je tente la culture d'épinards. C'est un fiasco : soit le sol n'est pas assez argileux, soit la variété pas adaptée ??? Les carrés seront couverts néanmoins en laissant sur place les derniers déchets de récolte et en y étalant les feuilles mortes. Avec l'aide des lombrics cette couverture se dégrade sur le sol pour le nourrir  et ce qui en reste va alimenter le compost au printemps.  Il est important de ne pas laisser le sol à nu, été comme hiver, afin qu'il ne dessèche ni ne gèle. Sous cette couche protectrice, les vers blancs et autres pestes restent à la surface du sol où elles sont alors accessibles aux becs des oiseaux.
C'est encore l'hiver, une toile noire récupère les faibles rayons du soleil et réchauffe la terre en vu des futurs semis.





   Les premières salades "Reine des Glaces" semées à l'automne et protégées par un châssis, vont bientôt pouvoir être cueillies.


  Les bettes refont des feuilles dans un semis spontané de cerfeuil. Je ne les cuisine pas (pour cause d'indigestion), elles sont là pour le décor en été : à cardes blanches, rouges ou jaunes.


  Nous sommes en mars, les protections sont encore de mise, soit pour réchauffer le sol, soit pour protéger les premiers semis. Ils peuvent débuter à la floraison du Forsythia ou quand germent les adventices. Donc allons-y gaiement mais avec prudence.

  

  Je prélève encore les feuilles des choux palmiers "Di Nero de Toscana" pour les dernières soupes d'hiver. Ne sont-ils pas beaux ? Nous les rencontrons parfois dans les parterres floraux des villes, c'est pour vous dire !
  Un peu plus loin les pousses d'ail pointent déjà à la surface.



   A la fin du mois, dans la véranda non chauffée sont semés les légumes d'été : tomates, courgettes, aubergines, poivrons.

 


Le potager en avril.


   Salades et choux d'hiver sont bientôt prêts à être récoltés...

 

  Il peut encore geler. Quelques protections sont encore en place sur les premiers semis. Elles protègent autant des gelées nocturnes que des griffes des chats du voisinage. Un grillage sur les premiers plants de salade doit les dissuader de venir y faire leur besoin... les pauvres, chez eux, il n'y a plus que   des cailloux.😡

 

   Dans le châssis, à la place de la "Reine des Glaces" les premiers radis percent avant que les carottes grelots bien tapies sous terre ne les accompagnent. Le châssis est encore fermé la nuit mais ombré en journée contre les ardeurs des rayons solaires.
  
  Nous sommes à la fin du mois, la pépinière est maintenant bien garnie et les premiers poireaux, choux, laitues... attendent d'être transplantés. Dans un coin de la pépinière les premiers oignons blancs pointent leurs feuilles tendres. Au premier étage et de chaque côté, quelques choux raves grossiront sur place.


 



   Le châssis va pouvoir être ouvert mais il reste en place néanmoins et sera occupé bientôt par des semis de carottes longues.


   Les premiers plants obtenus ont trouvé place au potager.

 

   Les choux poussent en compagnie des salades... celles-ci cueillies, ils pourront prendre leurs aises.  Des collerettes sont là pour empêcher les pontes de la mouche des choux. Seul le plan le plus résistant sera gardé.
   Les betteraves rouges d'Egypte, "Golden" ou "Albino" sont dégustées crues en salade dès qu'elles ont atteint la taille d'une balle de tennis.
   Les petits pois seront à point pour la fête des mères.

 Fin du mois, voilà le résultat... appétissant non ?



Le potager en mai


   Semis et plantations ont trouvé leur rythme de croisière... et les récoltes démarrent doucement.
Les voiles cette fois sont là pour protéger les semis de carottes, de... de... langue au chat ? de la mouche bien sûr. Les vols commencent en mai. Bon, la pose manque un peu de technique mais avec le temps je vais me perfectionner.



Les courgettes et courges prennent l'air pour s'endurcir avant la mise en place.

 

   Dans la véranda les semis de tomates ont été transplantés en godets pendant que poivrons et aubergines plus lents et plus frileux sont encore sous cloche, au moins le soir.

 


Le potager en juin


   Tomates, courgettes, aubergines et poivrons, tout a été mis en place après les saints de glace.
Mi-juin, nous voyons les brocolis calabrais se gonfler d'orgueil. Je ne garderai que le plus costaud par case. Après avoir cueilli la première fleur du sommet, des petits bouquets apparaîtront le long des tiges pendant toute la saison. Pour joindre l'utile à l'agréable, soucis et tagètes (eux aussi en graines bio) seront disséminés dans les carrés.

 


   Parce qu'elles prennent beaucoup de place bien que non courantes, quelques courgettes seront plantées en pot. C'est aussi bon que beau. Je les cueille très jeunes , il me faut donc beaucoup de plants, un carré de potager n'y suffirait pas.



   En juillet, ce n'est pas qu'il n'y ait plus rien, mais la maraîchère photographe est en vacances. Tout le potager a été mulché et ou paillé. Les premières tomates seront cueillies pour murir à l'ombre (comme on le fait en automne) afin de ne pas épuiser les plants en mon absence et de pouvoir néanmoins en profiter au retour. Et ça a bien marché. Moyennant la visite d'une amie pour un arrosage une fois par semaine, tout le jardin s'est bien comporté.


Le potager en août


 

Les plessis devaient accueillir des concombres et cornichons... mais les canicules ne leur profitent pas. Plantés ailleurs l'année suivante ce n'est pas mieux. Même pas de quoi faire un bocal. GRRR !

 

   Différentes variétés de pomme de terre sont cultivées pour des récoltes primeurs, elles aussi seront cultivées en pot : de gros conteneurs pour arbre. Au fond, je mets du compost grossier avec une couche de terre, les semences de pommes de terre, une couche de terre. Au fur et à mesure de la pousse du feuillage, j'ajoute une couche à la 'lasagne' et ce jusqu'à ras du conteneur. Voici le résultat pour la "Bleue d'Artois", pareil pour la "Bonnotte de Noirmoutier" et la "Corne de Gatte". "Désirée" sera plantée au potager pour plus tard.



  Il s'est avéré que la semence de haricots filets a été judicieusement choisie pour donner tout l'été avec des semis échelonnés. J'en aurai jusqu'à octobre avant les premiers froids. Les haricots filets offrent une gamme de couleur entre le vert, le "Beurre", le noir succulent très jeune. Même leurs fleurs varient du rouge au violet ou au blanc...     

 

   "Maigre récolte" me direz-vous. Certes, mais nous ne sommes que deux et je n'ai pas l'intention de faire des conserves. Les semaines d'après, il y en aura encore, puis encore...

 

   Les grains ne sont pas en reste avec "Borlito" panaché de rouge pour de bons minestrones, ou à grains noirs pour le Chili con carne. Pour ces deux là j'échelonne également les semis parce qu'ils se savourent en frais. Tout ce beau monde se côtoie et se succède pour satisfaire notre gourmandise et notre sens esthétique. Sur un tipi grimpent d'autres haricots noirs ou violets c'est selon... mais je ne sais plus si ce sont des filets ou des à grains ?    Sur la pergola grimpent des cocos... 


  

dont voici une la récolte en septembre... Les grains seront mis au congélateur, frais justes blanchis.


  Pendant ce temps, les tomates, presque une dizaine de variétés, continuent de murir sagement. Toutes n'ont pas répondu à mes attentes et ont été éliminées l'année suivante.

 


   La reine de nos assiettes et du potager fut sans conteste la tomate "Ananas".



  La tomate "Marmande" pleine de promesses rougeoie doucement.



La tomate "poivron jaune", est une curiosité sans intérêt culinaire (à mon goût) et aussi creuse qu'un poivron !


 
   Les aubergines croissent avec aisance. Celles en pots pourront rejoindre la véranda dès les premiers frimas. J'y récolterai encore quelques fruits.

  



   Après les premières récoltes de nouveaux espaces se libèrent pour les légumes tardifs, poireaux, carottes, derniers haricots.


   Août est aussi le moment de récolter mes melons... bon il n'y en a pas eu des masse. Mais le melon de Rennes n'est pas mauvais du tout, sous le climat alsacien.

 

   Des semis spontanés de fleurs consommables ou non égaient le potager ici et là : tanacetum, guimauve, bourrache, sarriette...

 
 

  Et ces cardes rouges, ne sont-elles pas belles ?



Le potager en septembre


   Les récoltes battent leur plein.
   Des oignons et des betteraves de toutes formes et couleurs. Vous allez me dire que j'aurais pu attendre qu'ils aient plus d'embonpoint... Mais c'est ainsi que je les aime. A cette taille, betteraves et chou raves peuvent se manger cru. Je vous conseille la betterave jaune (cuite cette fois) avec des tranches d'oranges et leur jus plus un filet d'huile d'olive, c'est divin.

 

   Poireaux d'été et choux rave "Azur Star" : ces derniers, à la peau bleue et à la chair blanche et tendre sont consommés crus ou accompagnent avec délices les navarins d'agneau. Les radis "Ostergrüss" viennent en place des petits radis roses quand arrivent les chaleurs. "Ostergrüss" ?? on est alsacien ou on ne l'est pas et ce jusque dans l'assiette. 

 

   Non, vous n'êtes pas dans un rayon de supermarché, ce sont mes premières récoltes de légumes à ratatouille pour ce début de mois : poivrons noirs, rouges, verts et le poivron "Doux très long des Landes" avec des tomates de tout format, des aubergines, un pâtissons et un melon.

 


  La cuisine va occuper une bonne part de mon temps mais les travaux au potager continuent.




Ici des cornichons derrière les choux de Bruxelles vert et rouge...


 

   

   Un nouveau semis de haricots filets accompagne les derniers poireaux d'été.


   Les voiles que vous voyez un peu partout sont censés protéger de la mouche de la carotte ou du poireau. S'y ajoutent les fleurs comme les tagètes ou les soucis avec le même objectif. J'ai perfectionné comme vous voyez ma technique de pose de voiles.

 

   Les aubergines ont aussi été testées par variété et couleur. La blanche, la verte, la striée et ma préférée l'aubergine "Barbentane" dont la taille et la forme est parfaite pour les petits farcis. Rien à voir avec les monstres que l'on trouve sur les étals.

 


Toute une palette de poivrons seront testés avec plus ou moins de bonheur. 

 
 

   Tomates ici, tomates là, elles sont présentes dans tous les carrés du potager et pour la plupart murissent avec bonheur.

  

 

  Pour la ratatouille, manquent les courgettes. 

  Ah ! enfin trouvé une photo !.. Pourtant il y en eut, des courgettes, pour les soupes froides ou chaudes, taillées en tagliatelles pour les salades, grillées, en tartes, en flans etc... Bref, elles sont parties avant que je n'aie eu le temps de leur tirer le portrait. Encore un peu et j'aurais dû vous faire un portrait robot...

 


Dans la famille courges, pas mal de découvertes ont été possibles en-dehors des sentiers battus.

Pâtissons divers


 


Patidou




                               Butternut                                                              Bleu de Hongrie


  


Le potager en octobre


    Voilà le résultat de ma culture de courges : miam, miam... La "Galeuse d'Eysines" savoureuse,  le potiron "Bleu de Hongrie", la "Butternut", les pâtissons..




Dernières récoltes en octobre.

 



  Dans tout cela vous n'aurez vu aucune carotte. Elles étaient pourtant bien là, blanches, rouges, oranges et la carotte jaune du Doubs. Un vrai régal que cette dernière et jamais attaquée par la mouche !

   Et voilà le potager se dénude peu à peu... reste des choux de Bruxelles et un chou Kale frisé au fond, les radis "Ostergruss", un jeune pied de courgette qui ne donnera plus, une bette à carde orange avec à ses côtés une dernière aubergine. Une fois vide, le potager sera couvert de feuilles mortes jusqu'au printemps. 



Nous repassons par l'allée de la roseraie pour nous longer le jardin d'ombre, face au talus. 

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